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Full text of "Les asiles John Bost 1891"

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LES 



ASILES JOHN BOST 




A LAFORCE 
(Dordogne) 

R L'ETAT 

TS D'I'TILITfe PUBL1QUE 

Le 7 geptembre 






PARIS 

PROTESTANTES 

1891 




^^^^^ 



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AVIS TI\i:S IMPORTANT 

(Ne le perdez jamais de vue.) 

Adresscr tout c ['Administration 

\ silcs h M. le paste ur Ernest RAVUOUX, direc- 
ted g&idral, et m renveloppe: 



Dim 






,ES » 



AJrcsse L'i [uo: 

ccAsiles. — La; — Dordogne.* 



Pieces 



& foumir a rappui de toute 
demande d'admission. 



i°Extrail de 

2° Gertifleat de bapteme; 

3° Certilieat de deu cins eonstalaut Lien 

exactement. l'dtat sani la personue et le3 

marques de boui 

4° Cons; on ties tulcurs; 

B°Consentemcnt pension unnuelle 

qui varie suivant lcs Asiles et la position particu- 
Here des postulants. 



Toutes ces 







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ASILES JOHN BOST 

A LAFORCE 



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LES 

ASILES JOHN BOST 

AJLAFORCE — /\ 

(Dordogne) 
RKCONNUS PAR L'tfTAT 

COMME ETABLISSEMENTS D'UTILITE PUBLIQUE 
Le 7 septembre 1877 

LA FAMILLE EVANGELIQUE 
BETHESDA — EBEN-HEZER — SILOE 

BETHEL — LE REPOS 

LA RETRAITE — LA MIS&UCORDE 

LA COMPASSION 



PARIS 
AUX LIBRAIRIES PROTESTANTES 



1891 



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yGOOg 



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LES ASILES DE LAFORCE 



La Famille 



BMhesda . . 



Asile pour des jeunes filles : 1° orphe- 
lines ; 2° placees dans un mauvais 
entourage ; 3° de protestants diss6- 
mines. 

Asile pour des jeunes filles ; 1° infirmes 
ou incurables ; 2° aveuglcs ou mena- 
ceesde cecite; 3° idiotes, imbeciles ou 
faibles d'esprit. 

lsTben-H^zer • . Asile pour des jeunes filles epileptiqucs. 

Silo6 Asile pour des garcons : 4° infirmes ou 

incurables ; 2° aveugles ou menaces 
de cecite ; 3° idiots ou imbeciles. 

Bdthel Asile pour des garcons epileptiqucs. 

Le Rep OS . • Asile pour des institutrices incurables, 

des mailresses d'ecole infirmes, des 
dames veuves, celrbataires ou sans 
ressources. 

La Retraite. . . Asile pour des servantes, des femmes 
veuves ou celibataires, infirmes et 
sans ressources, que lcur education 
no permet pasdadmetlre au Repos. 

La Mis6ricorde Asile ouvert a des filles : 1° idiotes 
g&leuscs, ayant perdu toute leur 
intelligence ; 2° epileptiques qui sont 
idiotes ou infirmes. 

La Compassion Asile ouvert a des garcons : 1° idiots- 
galeux, ayant perdu toute leur intel- 
ligence ; 2° epileptiqucs - idiots et 
infirmes. 



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2^g 



Conseil d'Administration 



7 rSsident MM. L. Domenget, ancien magistrat & 

Bergerac. 

Vife-Prfsident . . . Henri Couve, de Bordeaux. 

Secretaire J. Laforgue, pasteur aux Briands. 

Secret, honpraire. H. Lauga, pasteur a Reims. 



Assesseurs 



Gust ave Boy, propr. a Bergerac. 
E. Monbrun, pasteur a Angouleme. 
E. Oberkampff, receveur des finances 

a Alais (Gard). 
Labrousse, pasteur a Bergerac. 
Du Peyrou, propr. a Bergerac. . 

5 ifi ion : i de *»*■" • 

J. Siegfried, du H&vre. 
Pedezert, professeur a Montauban. 
J. Monod, d° d° ~ 

J. de Seynes, de Montpellier. 
Westphal-Gastelnau, de Montpellier. 
E. Bruneton, de Nimes. 
Laurens, tresorier p^yeur general de.. 

la Dordogne a Perigueux. 
Germain, propr. a S* Avit. 
Louis Sautter, .... 

J. Guex . . . 

P. Mirabaud ) a Paris. 

0. Soulier, pasteur, . 
D r F. Charon-Bost . . 



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La Fete des Asiles John Bost ! 



t 

II ne faut jamais desesperer, de rien, mais j 
surtout du temps. Et cela malgr£ pronpstics ; 
et prophetes. Avons-nous consulte, a partir ; 
du 4 ou du 5 juin les bulletins meteorologiques . 
de Pobservatoire de ParisIIls etaient desolants! 
Toujours ils annon9aient de la pluie, des 
averses, des .depressions barometriques. Et 
jour apres jour leur donnait raison. Heureuse- 
ment ils ont fini par se tromper, comme k 
l'ordinaire et bien a propos. Le mercredi 10 
a et£ d'un pluvieux.... alarmant ; il fallait une 
confiance premeditee, obstinee pour esp6rer..; 
les croyants, dont j'etais, ont eu. raison et le 
jeudi II a ete le premier d'une s6rie de beaux 
jours. 



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8 LES ASILES JOHN BOST 

Aussi que de monde a Laforce ! Nos amis 
nous restent fiddles et font meme en juin, 
boule de neige. Un miracle de plus a l'actif 
de cette charity qui en accomplit tant et n'a 
pas fini. 

C'est que, pendant assez longtemps, on s'est 
conduit vis a vis des Asiles, comme on le fait 
bien souvent a l'egard des merveilles de la 
nature quand elles ont le defaut d'etre trop 
a portee. Que de fran9ais vont chercher en 
Suisse ou ailleurs des sites charmants et 
grandioses alors qu'ils ont tout pres d'eux les 
tableaux admirables ou ravissants des Pyre- 
nees, des Cevennes et, on peut le dire, de 
toutes nos montagnes nationales ! Que de 
personnes de Perigueux a Bordeaux, pour ne 
parler que de celles-la, ne se doutent pas 
qu'elles ont a Laforce une oeuvre presque sans 
egale, un vrai miracle chr£tien et chaque 
annee une journee qui leur donnera a la fois 
edification, instuction et plaisir ? C'est si pres, 



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LES ASILES JOHN BOST 9 

c'est si facile d'y aller qu'on renvoie tousi 

les ans et je connais bien des protestants qui, 

s'ils continuent, feraient comme le paysan,! 

heros d'une chanson jadis c£lebre .... ils mour-b 

ront sans avoir vu les Asiles ! Tenez-vous lee 

pourdit, gens de pres et gens de loin; quandt 

vous le voudrez bien, vous risquez de ne plus 2 

le pouvoir ; car si les Asiles, sous la benedic-s 

tion de Dieu, grandissent et prosperent, et,s 

comme la charite dont ils sont le fruit, ne peri-a 

ront jamais, vous, pauvres freres, vous decli-2 

nerez, bientot peut-etre, et vos forces' trahi-s 

ront un jour votre volonte. N'attendez pas^ 

trop, amis connus et inconnus, venez bient 

vite ! s 

Vous auriez entendu cette annee tine vivante- 

et saisissante predication. M. Dhombres, pas-, 

teur a Paris, malgr£ la grande 6preuve qui- 

Ta prive de la vue, est venu nous parler de laj 

charity ; il a 6te droit a nos coeurs et y a portei 

le celeste et joyeux message. Tout l'auditoire- 



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IO LES ASILES JOHN BOST 

3 ■ 

a senti la meme emotion le p£n6trer et Penle- 
pververs Dieu, lorsque, dansune peroraison 
s simple et touchante, il a fait allusion a ses 
<yeux d£sormais sans flamme et s'est mis au 
rang des infirmes, des affliges, des aveugles 
qui l'ecoutaient. On peut dire qu'il nous 
apportait lui aussi un miracle a constater et a 
admirer : celui de l'affliction supportee, accep- 
tee avec confiance, avec joie ! Que Dieu lui 
nrultiplie ses graces et lui maintienne la force! 
II disait, a la seance de l'apres-midi, qu'il 
venait de faire sa dernier e folie : M. Pedezert 
lui a fourni la veritable epithete en disant 
sainte folie et a traduit les voeux de tous en 
souhaitant que ce ne fut pas la derniere. 

Apres Tentre-acte nutritif qui reunit chaque 
annee a « La Famille » un nombre croissant 
d'amis affam^s, Tassemblee s'est reformee 
dans le temple pour y Scouter les rapports 
accoutum£s. La seance a et£ interessante, 
captivante. M. le professeur Pedezert, qui 



fe*- 



LES ASILES JOHN BOST 1 1 



pr6sidait, nous a donn6 lecture d'un travail 
dans lequel avec une grande indSpendance 
de jugement, un esprit .... bien connu, et une 
precision presque photographique il a fait 
paraitre et revivre devant nous la personne 
si originale, si marquante du fondateur des 
Asiles, John Bost. M. P6d6zert a mis sous 
nos yeux un vrai tableau du maitre et n'fe 
oubli6 aucun des traits de cette physionomiie 
puissante et riche. Nous avons vu bien dels 
portraits ou mSdaillons, tous fiddles, de notr|e 
ami disparu ; aprfes dix ans, M. Ped6zert, vienjt 
de nous le montrer, tel qu'il 6tait en nos 
souvenirs, en nos cceurs ; il a fait jaillir l'Stiri- 
celle mystSrieuse et il la lui a rendue, si bien, 
que pendant un instant nous avons vu l'homi- 
me, nous l'avons entendu ! — Qu'il Scrivt 
encore quelques pages comme celle-la, en s& 
vieillesse feconde et laborieuse, notre profes;- 
seur retraite et ce qu'il aura fait dans ses loisirls 
balancera ce qu'il fit en son activity. 

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LES ASILES JOHN BOST 

\pres lui, le President dii Conseil d' Admi- 
ration des Asiles a rendu hommage k deux 
egues,enlev£s cette ann6e anotre affection 
ont les noms ont souvent retenti dans le 
ade protestant avec Pexpression de sincere 
legitime regret. II y a quelques annees ils 
laient a la meme seance de notre fete ; 
.tre jour ils £taient encore rSunis dans nos 
isees ; ils ne parlaient plus ; on parlait 
ux, 6loign6s par la grande, la profonde 
.ence. 

vlais voici le directeur general ; il se lfeve ; 
e verse un verre d'eau ; il va done etre 
g....armons-nous de courage. II commence 

sa voix pleine, ronde et chaude ; 9a se fait 
mter ...... ; ce n'est pas du tout comme 

in6e derniere ; C'est du nouveau, avec du 

it, de Thumour, de l'entrain ; il poursuit et 

Tecoute encore; il se tait.... Quoi c'est 

a fini ? Et Ton craignait que ce fut long ! 
le verre d'eau ? II n'a pas bu ! C'etait une 

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LES ASILES JOHN BOST I 3 

menace, une malice, une coquetterie de rap- 
porteur expert. Je ne dis rien du rapport.... 
il ne depend que de vous de le lire. 

Le docteur Rolland, M. Dhombres, M. Jean 
Monod ont tour k tour ^mu et charme l'assis- 
tance. Des chants joyeux, harmonieux, repo- 
saient, par moments, de ces voix graves 
d'hommesgravesetdeuxheuressesont£coul6es 
rapides et, si tous le veulent, b6nies par tous. 

A la sortie l'assaut des voitures a commence, 
rappelant aux classiques d'entre nous, une 
fable de la Fontaine, avec une variante l£g£re: 
Ce n'est pas tout d'etre charm£s, ravis .... il 
faut partir d'ici. Mais Laforce n'est pas un 
puits:c'est une source. Pour s'en aller on 
descend ; que Dieu nous permette d'y remon- 
ter tous l'annee prochaine, car ce n'est pas 
seulement une source, c'est un Thabor. 

J. L. 

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14 LES ASILES JOHN BOST 

Discours de M. P6d6zert 

PRESIDENT DE LA FfiTE 



Chers Amis, 

J'ai un regret; j'ai parle dans un livre recent 
des Chretiens Sminents que Dieu m'a fait la 
gr&ce de connaitre, et je n'ai rien dit du fonda- 
teur des Asiles de Laforce.Jevoudrais reparer 
cet oubli, qui est presque k mes yeux une 
injustice. Je n'ai 6crit aucune notice; je n'en 
6cris pas aujourd'hui. J'essaye seulement de 
retracer une image digne de figurer k cot6 des 
autres. 

« Mes pensSes, disait le Seigneur, ne sont 
pas vos pens£es, et vos voies ne sont pas mes 
voies. » Les pens6es et les voies divines sont 
plus sages que les notres. Heritier des gotits 
paternels, John Bost voulait embrasser la 



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LES ASILES JOHN BOST #5 

carriere des Thalberg, et des Litz. II avait les 
aptitudes comme les ardeurs d'un veritable 
artiste. II se sentait digne, et il se croyait ca- 
pable d'obtenir de beaux honneurs mondains. 
Ses succ6s justifiaient ses esperances. • Dien 
lui reservait d'autres distinctions. 

II mit au cceur du jeune pianiste une ambi- 
tion plus haute : celle d'etre un fidele et, s y il 
le pouvait, un eminent ministre de Jesus- 
Christ. 

A peine converti, John Bost se rendit a la 
Faculty de M&ntauban. II etait plein d'esp£- 
rance. L'esperance se changea vite en decep- 
tion. II fallait apprendre les langues de St- 
Augustinj deClxrySoStome, d'Esaie. Ses efforts 
fiirent opiniatres et vains. L'impuissance etait 
manifeste. Les professeurs Adolphe Monod, 
de Felice et Bonifas conseillerent a leur jeune 
Sieve de quitter la Faculte, malgre leur regret 
et-lesien. Pour tranquilliser sa conscience, ils 
lui accordferent, d'un commun accord , un temo'i- 



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l6 LES ASILES JOHN BOST 

gnage, je pourrais presque dire un certificat 
verbal d'incapacit6. Je ne rappelle la que ce 
que John Bost rappellait souvent lui-m§me. Je 
l'ai entendu, plus d'une fois, raconter fort 
agreablement sa m6saventure d'etudiant en 
theologie. La premiere fois que je le vis, a 
Laforce, il me montra deux pauvres petites 
idiotes, qu'il avait recueillies dans sa propre 
maison, et il me dit , je ne voudrais pas assurer que 
ce fut sans quelque malice :« Voila ma theolo- 
gies Je lui r6pondis :« Continuez, c'est la 
meilleure.» II a continue ; on sait avec quel 
succes. Ne pouvant pas faire des etudes, il a 
fait des ceuvres. 

Ses ceuvres sont connues; l'ouvrier aussi. 
Mais chacun Fa vu k sa maniere; je l'ai vu a la 
mienne. Je voudrais dire comment il m'est 
apparu. 

En toute chose il faut faire la part de la na- 
ture, ce premier don de Dieu. John Bost a da 
beaucoup a lasienne. En lui Fhomme a gran- 



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LES ASILES JOHN BOST 1 7 

dement servi le chrStien. 

Quiconque Paurait connu, aurait pu pr6- 
dire que, s'il Stait croyant, il le serait ferme- 
ment. II avait Tesprit trop resolu pour Tavoir 
inquiet. Dans son fort int£rieur le oui Stait 
oui. le non 6tait non. Comme tout homme, il 
6tait expose a errer ; iletait incapable d'osciller. 
II crut sans reserve et sans retours. II crut ce 
qu'avaient cru ses pferes, ce que croyaient ses 
meilleurs amis. II le crut sur la simple autorit6 
de la Parole de Dieu, veritable et unique 
regie de safoi. Cette foi repond aux d6sirs et 
suffit aux besoins des natures simples et fortes. 
John Bost se prSoccupait peu des difficultes. 
Si certains hommes sont n£s pour la recherche 
dela v6rit6, d'autres sont n6s pour la pratique 
des devoirs. John Bost etait de ce nombra. 
L'apdtre avait dit : « Montre-moi ta foi par 
tes oeuvres » il la montrait, c'est k dire la justi- 
fiait ainsi. A ceux qui auraient trouve que 
ses oeuvres n'etaient pas des arguments, il 



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1 8 LES ASILES JOHN BOST 

aurait, fait comme il Tetait, r£pondu: Donnez- 
en de meilleurs.» En me montrant ses Asiles > 
il m'aurait dit encore : « Voiia ma theologie » 
et moi j'aurais repondu de nouveau : « C'est 
la meilleure. » C'est dans sa foi qu'il faut 
chercher la cause de sa charity. A quoi pen- 
sait-il avant sa conversion ? aux honneurs, 
aux seuls honneurs. Artiste, il aurait pu don- 
ner quelques moments aux miserables de ce^ 
fnonde ; chr£tien, il leur a consacre sa vie. Sa 
charity etait essentiellement biblique, comme 
le prouvent les noms memes qu'il a donnes A 
ses premiers Asiles : Eben-Hezer, Bethesda, 
Bethel, Silo£. Et parce qu'elle etait biblique^ 
elle enveloppait Tame et le corps. 

Charite vraiment courageuse, terneraire- 
meme au jugement humain. Au sortir de la 
Faculty, seul, sans fortune, sans aide, sans, 
conseils, John Bost osa bien fonder la Famille 
Evangelique. C'eut et£ assez, peut-etre tror> 
pour tin autre ; c'etait peu pour hri. II entre- 



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LES ASILES JOHN BOST 1 9 

prit davantage, confiant en Dieu et en ses 
freres. A la voix de John Bost, il est arriv6 
des millions dans le village de Laforce. 

Ces millions, il ne les attendait pas, il allait 
leschercher en France, en Suisse, en Hollande, 
-en Ecosse, en Angleterre. II allait done de 
lieu en lieu plaider la cause de ses pauvres 
affliges. Ses discours etaient des rScits, mais 
quels rScits ! On Stait a Laforce, on assistait 
aux spectacles des dernieres miseres humaines, 
on voyait les infirmes que cet ami ne cessait 
de voir, on entendait les cris qu'il ne cessait 
d'entendre, on tressaillait k Tome d'une parole, 
d'une priere, d'un cantique sortis une bouche 
mourante et impuissante. On se sentait au 
coeur une sympathie profonde pour le mis6ri- 
cordieux consolateur. Quand il avait ainsi 
6mu les ^mes, il ne les pressait pas, il semblait 
dire k ses auditeurs : « faites ce que vous 
.voulez » et ils faisaient ce qu'il voulait. 

John Bost etait de ceux qui aiment mieux 

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20 LES ASILES JOHN BOST 

porter les fardeaux tout seuls que les 
partager. II pourvoyait et suffisait a tout au 
dedans, commeau dehors. Niretenu, nipouss6, 
a peine conseille. II etait Fame de son oeuvre et 
laseule. On se demandaitcequ'elle deviendrait 
apres lui, on s'inqui£tait de Pavenir ; il eut le 
m£rite de s'en inquieter aussi et k temps. II 
fit reconnaitre ses Asiles par PEtat et il remit 
ses pouvoirs a un grand comity qui le nomma 
president a vie. II pouvait mourir et il est 
mort en paix, car s'il etait utile encore, il 
n'6tait plus nScessaire. Belle fin d'une belle 
vie de directeur. 

Dans les derniers temps, il exprima un d6sir 
qui ne laissa pas que d'etonner quelques-uns 
de ses meilleurs amis. II voulait etre pasteur 
au meme titre que les autres, c'est-^-dire avec 
un diplome de bachelier en thSologie. Ce 
dipldme 6tait inutile k Texercice de son minis- 
t&re et non moins inutile k son honneur eccterfr 

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LES ASILES JOHM BOST 2 I 

astique. Mais il y tenait. Je lui conseillai de 
preparer une these. « Moi, une these, me 
repondit-il, mais vous savez bien que je ne le 
puis pas et que je ne suis qu'un ignorant ; 
Quel sujet pourrais-je aborder, je vous prie ?» 
« Un sujet que vous connaissez mieux que 
nous ; la charite. » II le fit. II vint me voir la 
veille de la soutenance. II etait fort emu. Je 
croyais qu'il feignait Pinquietude. II Teprou- 
vait r£ellement et profondement. Je cherchai a 
le rassurer. « Je suis, lui dis-je, le premier 
attaquant. Avez-vous peur de moi, ou pensez- 
vous que mes deux collegues soient moins 
bienveillants, c'est - a - dire moins justes que 
moi ? » Ce n'est pas aux professeurs 

que je pense, mais les jeunes gens vous 

savez» « je sais qu'ils vous parleront, com- 

me vous m6ritez qu'on vous parle. Vous n'etes 
juste ni envers eux, ni envers vous-meme.» 
Cet homme qui n'avait craint aucun auditoire 
dans aucun pays, craignait le petit audi- 

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22 LES ASILES JOHN BOST 

toire de notre Faculty. Le lendemain, nous 
avions devant nous un candidat qui touchait 
& la vieillesse, honor6 d'une haute recompen- 
se acad£mique, decorS de la legion d'hon- 
eur, fondateur d'oeuvres admirables, et main- 
tenant defiant de lui-m§me et des autres. L'6- 
tudiant qui prit la parole au nom de ses con- 
disciples, exprima un profond respect pour 
sa personne, une vive admiration pour ses 
Asiles. Sur le champ, le candidat redevirit 
lui-meme ; il raconta ses anciens efforts et 
son impuissance a la Faculty, son arrivee 
et ses premiers travaux k Laforce ; il s'a- 
bandonna k toutes les Amotions de son ame 
et charma ses jeunes auditeurs. Ce pretendu 
incapable fut avec les professeurs ce qu'il 
avait 6te avec les Sieves. II 6tait sur son 
terrain. « Le plus embarrass^ de nous deux, 
lui dis-je, n'est pas celui que vous pensez. » Je 
voudrais bien vous voir a ma place.* « Jevou- 
drais bien y etre». . .«Eh bien, lui dis-je encore 



LES ASILES JOHN BOST 23 

ell sortant de la salle, qui avait raison de vous 
ou de moi ? Que pensez-vous maintenant de 
cette heure ? » «Cestlaplus belle de ma vie, 
fen porte au fond du coeur Fineffa9able sou- 
venir. » — II avait conquis enfin le parchemin 
qu'il avait vainement dSsire aux jours de sa 
jeunesse. Quant a nous, nous ne devions pas 
voir deux foisun pareil candidat,niune pareille 
soutenance . 

II est des hommes qu'on serait tente d'appe- 
ler des lieux communs d'hommes ; ils ressem- 
blent a tout le monde et tout le monde leur 
re'ssemble ; medailles sans relief, monnaie 
sans effigie, images sans traits. John Bost se 
detachait nettement sur le fond humain. II 
6tait un Bost, mais un BoSt sui generis. D'un 
abord facile, d'un accueil cordial, d'un com- 
merce aimable, d'une conversation originale 
et vive, d'une gaite qui avait resists aux annees^ 
m6me a la maladie. C'etait a son foyer, dans 



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24 LES ASILES JOHN BOST 

sa belle et hospitaliere demeure, qu'on etait 
heureux de le voir et de l'entendre. 

Et cependant, il £tait, lui aussi, un homme 
semblable a nous. Quand je ie compare soit k 
Adolphe Monod, soit a M. Jalaguier, je suis 
frappe du contraste ; niles pieux scrupules de 
Tun, ni la calme sagesse de l'autre, ni l'in- 
quiete conscience des deux. Je veux m'en 
tenir a une anecdote de John Bost lui-mSme. 
I16tait a Menton. II avait convoqu6 une reu- 
nion d'Anglais, selon son habitude. Selon son 
habitude aussi, il avait choisi unbon president. 
C'etait Spurgeon. Le grand orateur dit dans 
son discours :« Je n'aime pas a me trouver pres 
de Georges Muller ; je me sens g£n6 et humili6 ; 
il est trop parfait pour moi. Au contraire, je 
me sens tout k fait k mon aise avec mon ami 
John Bost; il a, lui, des defauts comme moi. » 
Oui, il en avait et il en convenait, puisqu'il 
approuvait les paroles de Spurgeon, en les 
rapportant. 

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LES ASILES JOHN BOST 2$ 

J'exprimerai ma pensee en un mot : John 
Bost a ete un apotre ; il n'a pas 6te un saint. 

Je l'ai remarqueailleurs, quand il gravissait, 
jeune et humili6 d'un recent echec, le coteau 
de Laforce, il n'avait aucun pressentiment de 
ce qu'il allait y faire. II n'etait rien, il ne pro* 
jetait rien. II ignorait les vues de Dieu sur lui. 
II n'y avait dans le village d'exterieurement 
religieux qu'une Eglise et un vieux temple, 
resteou dependance d'un chateau disparu. On 
sait ce qui s'y voitmaintenant. Un seul homme 
a tout fait. Chaque fois que je vais a Laforce, 
mon admiration se renouvelle. Je me rapelle et 
je rSpete le mot du poete : « Lui partout, » 
Lui dans ce gracieux presbytere, lui dans ce 
beau temple, lui dans ces demeures de la souf- 
france ; lui partout, lui toujours. Les huit 
asiles honores de son nom, sont les dura- 
bles tSmoins de son passage sur la terre. II 
a passe, comme son maitre, en faisant du 
bien. Je donne a sapersonne et&savie les 



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26 LES ASILES JOHN BOST 

deux noms qu'il a donnas k ses deux dernife- 
res maisons : la Misericorde et la Compas- 
sion. Au grand jour, quand le roi dira aux 
misSricordieux et aux compatissants. «Venez 
les benis de mon pere, » c'est a John Bosf 
aussi que cette parole s'adressera. Oh ! la 
louange, oh le bonheur ! 

Mon ami Rayroux, vous etes le successeur 
de John Bost ; soyez aussi son imitateur 
jusqu'aux dernieres forces, et puisse un jour 
une autre voix amie b£nir ici votre memoi- 
re, comme aujourd'hui nous y b£nissons la 
sienne. 

Les hommes s'en vont ; mais ces trois 
choses demeurent : la foi, Tesperance et 
la charite ; la plus excellente des trois, c'est 
la charite et, dans la charity elle-meme, ce 
qui est le plus excellent c'est la sympathie 
pour la souffrance. Ouvrons, ouvrons nos 
iimes & cette sympathie. 



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^ c A'ciT-tec tatt m w\si -^T} — 

LES ASILES JOHN BOST 27 



Discours de M. L. DOMENGET 

President du Conseil d' Administration 



Chers Amis, 

Quelques mots seulement pour vous remer- 
cier de votre empressement k vous rendre 
comme par le passe a notre fete annuelle. Ce 
t£moignage de votre sympathie pour nos Asiles 
nous touShe profond£ment. II est aussi, je n'en 
saurais douter, une cause toute particuliere de 
reconnaissance envers Dieu pour celui qui, 
dans son affliction, n'a pas craint de repondre 
&Pappei que nous lui avons adress£ de vouloir 
bien venir de nouveau £difier les populations 
protestantes de nos contrees. Qu'il me per- 
mette de lui exprimer ici toute notre gratitude 
pour un si gen£reux concours. 

Je pourrais vous dire ; cher amis, que la 
marche de nos Asiles est toujours prospere et 



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"TIT " LES ASILES JOHN BOST 

que de g£nereux dons nous mettent a meme de 
mener k bonne fin l'ceuvre de la reconstruction 
de Bethesda. Mais je ne veux pas anticipersur 
les communications que vous fera bientot no- 
trecher ethonoreDirecteur general. Permettez- 
moi pour aujourd'hui de fixer un moment votre 
attention sur les pertes particulierement sen- 
sibles que nous avons eprouvees depuis la 
fete de 1890: celles de MM. Augustin Bost 
et de E. de Pressens6. 

M. Augustin Bost, frere aine de notre bien 
aim6 fondateur, etait venu jeune dans nos 
Asiles et il y avait appris a les aimer. Qui 
pourrait ne pas s'interesser aux infortunes qui 
y sont recueillis et aceux qui enprennentsoin 
quand il s'est rendu compte et des besoins de 
nos malades et des soins constants dont ils sont 
TobjetPPlus tard, quand John Bost constitua 
un conseil d'administration afin de faciliter sa 
tache etd'assurer la continuation de son oeuvre, 
il appela son frere & en faire partie. Celui-ci 



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r 



LES AS1LES JOHN HOST ~Zy 

n'hesita pas a repondre a son desir et depuis 
lors il se fit un devoir et un plaisir de venir 
chaque annee, une fois au moins, prendre part 
a nos deliberations. On n'a pas oublie Tentrain 
qu'il apportait a raccomplissement de son 
mandat, rechauffant le zMe de chacun, vivant 
au milieu des malades et du personnel des 
Etablissements, s'interessant a tous les details 
de Toeuvre.Caustiqueparfois, mais bienveillant 
au fond, il etait heureux de se retrouver au 
milieu des malheureux, d'en recueillir les soucis 
et les plaintes comme aussi les illusions et les 
esperances, aimant a rapporter au pays de 
Geneve, sa noble patrie, et au sein de sa 
famille les emotions et les joies qu'il 
avait retrouvees parmi nous. II etait rajeuni, 
me faisait l'honneur de m'ecrire sa digne com- 
pagne chaque fois qu'il revenait de Laforce 
etquelques jours avantsafin, il songeait encore 
malgre ses tristes infirmites, a revoir ses Asiles 
affectionnes. Ses forces ne le lui permirent 



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30 LES ASILES JOHN BOST 

pas. — Dans sa stance d'hier, le conseil cTad- 
ministration a, d'une voix unanime, choisi; : 
pour le remplacer M/le docteur Charon-Bost, 
gendre de notre regrette fondateur. Sa sym- 
pathie bien connue pour nos Asiles, la sym- 
pathie qu'il inspire lui-m6me et TamSnitS de 
son caractare nous dictaient ce choix qui seraj 
je n'en saurais douter, ratifi6 par tous les amis 
de Toeuvre. 

M. de Pressens£, coeur vaillant et intelligen- 
ce d'elite a jou£ un grand role dans notre 
Eglise protestante et aussi dans la politique. 
Je n'ai pas a le suivre sur ce double terrain ou 
il marcha toujourssans fl£chir et sans broncher, 
donnant ainsi un noble exemple que trop peu 
de personnes savent imiter. Je ne veux vous 
entretenir ici que du coll&gue k cote duquel je 
m'honore d'avoir siege pendant plus de dix ans. 

Eleve du college protestant de Sainte-Foy, 
ou il etait entour£ de jeunes gens dont plu- 
sieurs ont plus tard honorS la France, de 



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LES ASILES JOHN BOST 31 

Pressense y avait connu John Bost et visite 
le beau coteau de Laforce. Aussi, quand il 
fut appele par son ancien condisciple a faire 
partie de son conseil, promit-il son concours 
a Toeuvre nouvelle au double titre de radmi- 
ration et de Tamitie. 

Toujours attentif dans nos deliberations, il 
y apportait a la fois cet esprit de fermete qui 
le guidait en toute chose et cette tendance a 
la conciliation qui facilitaitPentente avec lui, — 
pourvu que les principes fussent sauvegardes. 

S'il affectionnait les Asiles de Laforce, il ne 
menageait pas son enthousiasme pour John 
Bost. II me semble le voir encore, presque a 
la place ou je parle et l'entendre exalter la 
conception de Poeuvre en raison surtout des 
resultats obtenus. « Les hommes vraiment 
utiles, ceux dont le souvenir est durable, 
^'ecriait-il, dans un elan de veritable eloquen- 
ce, sont ceux qui font oeuvre de fondateurs. 
Saint Vincent de Paul a cr£e Toeuvre de 



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32 LES ASILES JOHN BOST 

l'Enfance abandonnee; Bost a elev£ les Asiles 
de Laforce: il est le Saint Vincent de Paul du 
protestantisme ! » 

L'an dernier, notre eminent collegue vint 
encore prendre part a nos travaux et a notre 
fete. Mais, vaincu par la souffrance et condam- 
n£ au silence par la volonte de Dieu, il ne put 
se faire entendre en public. II ne lui restait 
qu'un filet de voix et sa conversation toujours 
pleine d'interet nous prouva bientot qu'il avait 
conserve toute son intelligence et toute la 
noblesse de ses sentiments. II est mort soumis 
k Dieu et sa fin a £te edifiante comme sa vie 
avait £te exemplaire. 

Ne perdons jamais de vue de pareils sou- 
venirs et sachons, chers amis, dans la mesure 
de nos forces, nous penetrer de plus en plus 
de Tesprit chetien qui a soutenu les Saint 
Vincent de Paul, les Bost et les de PressensS ! 



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RAPPORT 



SUR LES 



AS1LES JOHN BOST 



Laforoe le 11 Juin 1891 



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RAPPORT 

SUB LES 

ASILES JOHN BOST 

A LAFORCE 



Du i er mai 1890 au 30 avril 1891 



Chers Bienfaiteurs, 

« Que j'aimerais voir les Asiles! » C'est un 
d6sir souvent exprime et, a notre gr£, trop 
rarement realist. Avant de les avoir vus, on 
s'attend a des spectacles parfois etranges et 
emouvants; on est, en les traversant, sanscesse 
sur le qui vive et voici, rien de tout cela, mais. 
mieux que tout cela. 

i 

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•~1 



36 LES ASILES JOHN BOST 

« Luther (i) racbnte qu'un pieux 6veque, 
curieux comme je le suis, avait souvent 
demand e a Dieu, avec ferveur, de lui reveler 
ce qua Je3U3-Christ avait fait dans sa jeunesse. 
II vit en songe un charpentier occupe des 
travaux de sa profession et, pres de lui, un 
jeune gar<jon qui ramassait les copeaux de 
bois tombjs par terre. Puis, survint une jeune 
femme en robe verte qui les appela tous deux 
leurdisant de venir diner. L'£veque, pendant 
ce temps, se tenait derriere la porte et les 
observait. Et Tenfant se mit a dire : c Que fait 
cet homme qui est la ? Est-ce qu'il ne viendra 
pas manger avec nous ? » Le bon 6veque fut 
si epouvante qu'il cogna la tete contre le 
chevet de son lit, ce qui le reveilla. * La 
divinite de Jesus-Christ reside en effet autre 
part que dans son existence exterieure dont 
la condition n'appelait ni le regard ni 



(\ Anecdote tiree <1ph « Etudes et meditation- btbliques ±ar Bnu*> 
OroLet » a ~*usa,me, chez (J. Bridel et Cie. gditeure. 



_^_ . Digitized by VjOOQ IC 



LES ASILES JOHN BOST 37 

Fattention. 

11 en est de meme dans nos Asiles ; ne vous 
-attendez pas en les visitant, a rien d'extraor- 
■dinaire ; tout y est simple et naturel comme 
il convient du reste h tout ce qui est vrai en 
soi. La vie collective y conserve, dans une 
assez large mesure, le cachet de la vie de 
famille ou les jours succident aux jours sans 
grandes secousses ni changements tres mar- 
ques. Les memes devoirs, la meme tache se 
representent quotidiennement avec la meme 
monotonie du tic-tac d'une horloge bien 
regime. La beaute de Toeuvre vous ne la 
trouverez done pas dans les batiments, dans 
la tenue parfaite du menage, dans la propret£ 
•des dortoirs, enfin dans Tactivite domestique 
•si complexe qu'elle soit. Certes, tout cela a 
son prix et nous en connaissons et apprecions 
la valeur ou le m6rite, mais ce qui emeut, ce 
•qui attire e'est que, dans ces diverses maisons, 
tant de miseres sont abrit^es. Notre grande 

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38 LES ASILES JOHN BOST 

famille,en effet, porte sur soilesceau delasouf- 
france sous des formes diverses qui serenouvel* 
lent sans cesse sans s'dpuiser jamais. Ici on 
souffretoujours, sans intermittence, sans treve 
ni repos, la nuit comme le jour. C'est le corps 
qui peine, c'est Tame aussi qui est atteinte : 
souffrances physiques, souffrances morales, 
tout s'accumule et quand on le sait, comment 
n'etre pasremue jusqu'au plus profond de son 
€tre ? comment ne pas sympathiser ? Et que 
serait ici la sympathie si elle n'etait pas enve- 
lopp6e d'amour et de charite ? Voil^i pourquoi 
nos assemblies annuelles, uniformes en appa- 
rence, ne le sont pas en r6alite. L'amour vrai 
en face de ce qu'il aime bat toujours son plein, 
et nos coeurs, a nous des Asiles, sentent en 
des journ£es semblables a celle-ci, combien 
est precieuse la communion des Saints. Vous 
nous aimez en pourvoyant, sans vous lasser, 
a tous nos besoins ; nous aussi nous vous 
aimons en acceptant tout de votre part, sans 



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LES ASILES JOHN BOST 39 

enetre humiliSs et avec une joyeuse reconnais- 
sance, car vous etes pour nous, Bienfaiteurs, 
comme les envoy£s consolateurs de notre 
Pere a tous qui est dans les cieux. 



Presentation 

Un ami m'a demande d'indiquer dans le 
present rapport le nom des directeurs parti- 
culiers de chacun de nos Asiles,avec leurs£tats 
de service. 

J'ob£is avec empressement. Si, dans cette 
presentation, ma plume prend le mors aux 
dents ou fait quelques hearts, je donne licence 
aux interesses de ne pas m'ecouter. 

Meiie Elise Bourgougnon est entr6e a la 
Famille comme institutrice le 23 juillet 1849. 
Elle a remplac6 M elle Peloux comme directrice 
le 20 novembre 1873. 

Elle a done 42 ann£es de service actif. Elle 



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40 LES ASILES JOHN BOST 

pourrait done, comme on dit en style adminis- 
tratis faire valoir ses droits a la retraite. Je ne 
dis pas que quelquefois, elle n'en ait pas eu. 
la pensee, mais elle en est revenue. J'ai le 
regret de le dire, mais la verite m'y oblige* 
elle est inretraitable . 

Madame Sicard est venue a Laforce le 
28 mars 1857. Elle a vu naitre, grandir et 
se developper son asile au-dela de son attente^ 
Elle est attachee a son vieux Bethesda. II a 
beau etre incommode, branlant sur ses pieds 
moisis ; e'est Ih qu'elle a debute ; e'est la ou 
sont tous ses souvenirs, reliques d'un passe 
bien cher. La reconstruction du nouveau 
Bethesda la trouble quelque peu ou plutot 
l'attriste. Cela est naturel. On s'attache aux 
endroits ou Ton a vecu, aim6, souffert. Ce lul 
sera une epreuve de quitter sa vieille maisoix 
ou elle retrouve partout la trace de John Bost 
qui Tavait discernee et appel£e au poste 
qu'elle occupe et occupera longtemps encore > 



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LES ASILES JOHN BOST 4 1 

si le Seigneur le veut. Puis elle s'accoutumera 
peu a peu au nouveau local puisqu'eKe y aura 
ses quatre-vingt-quinze enfants. 

M. et M me Etienne Imbert se sont mari£s 
avec Siloe avant de s'epouser. lis y ont rem- 
place comme directeurs M. et M me Castel 
{ leurs parents ) le 26 aout 1867. 

Leur tache y est rude. lis ont parfois des 
-velleites de divorce, avec l'asile bien entendu, 
•car Page arrive et surtout la fatigue. Leur 
conscience delicate s'agite et ils se demandent 
s'ils peuvent et doivent conserver leur charge. 
En me faisant part de leurs scrupules ils me 
chagrinent ; s'ils insistent, je fais le sourd et, 
ne pouvant plus nous entendre, le statu quo 
se maintient. C'est tout ce que je desire. Ici 
un mot d'encouragement et d'amiti£ a 
M. Pierre Bosc, notre instituteur, le bras 
droit de M. et de M m3 Et. Imbert. 

M lle Jeanne Lap eyre est venue de Prigonrieux 
& Laforce il y a 32 ans, le 7 novembre 1859, 



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42 LES ASILES JOHN BOST 

pour se remettre des suites (Tune fievre typho- 
"ide. Apres avoir recouvre la sante, elle s'est 
consacree aux malades d'abord a Bethesda- 
Quand, ensuite, Eben-Hezer fut fonde, John 
Bost usa de son autoritS pour avoir raison de 
rhumilite de M elle Jeanne et il l^tablit direc- 
trice de cet asile consacre aux jeunes filles et 
aux femmes epileptiques. Elle est Tame de 
cette maison et, au sens le plus exact de ce 
mot, la mere de ses pensionnaires. 

M. et M m3 Monthus auront 24 ann£es de 
service le 16 decembre prochain. lis donnent 
leurs soins a Bethel et a la Compassion avec 
un zele intelligent, malgre les entraves- 
repetees de la maladie. 

M elle Thecla Laroche dirige aussi la Miseri- 
corde depuis sa fondation. Cet asile, don de 
la liberalite de deux soeurs, a ete inaugure en 
1878, M elle Laroche y etait d^s le i er novem- 
bre 1877. Sa tache, a elle aussi, est singulie- 
rement complexe, mais on pourrait en douter 



yGqsgJe 



LES AS1LES JOHN BCST 

en visitant cet asile ou tout semble marcher 
comme sur des roulettes. 

Madame Dabrin dirige la Retraite depuis le 
5 Janvier 1882 et M elle Pechin le Repos depuis 
le 8 Janvier 1889. Ces deux asites ont besoin 
comme directrices, de personnes ayant beau- 
coup de tact, de patience, de calme et aussi de 
bonne humeur et d'entrain. Dieu nous a benis 
en nous donnant ces deux amies. Ici, je tourne 
court, non que je sois a bout ; mais parce que 
si la verite consiste a toujours dire ce que Ton 
pense, elle n'oblige pas a dire tout ce que 
Ton pense. En resume, nous avons encore le 
privilege d 'avoir comme directeurs et direc- 
trices ( la Retraite et le Repos exceptes ) tous 
ceux que John Bost avait choisis et formes k 
son ecole. Je ne veux pas omettre, dans cette 
presentation rapide, nos institutrices, nos 
maitresses de couture, nos infirmiers et nos 
infirmieres, tous nos aides enfin qui sont, a 
des titres divers nos collaborateurs. Si je ne 



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44 LES ASILES JOHN BOST 

transcris pas ici leurs noms, si meme je n'ei* 
detache pas en relief quelques-uns qui trem- 
blent au bout de ma plume, c'est que j'espere 
que ces noms sont d£ja inscrits ailleurs, plus- 
haut sur le livre de vie. En definitive, c'est 
cela seul qui importe. 



Conversion & Droite 

Apres Tetat-major et le corps des officiers,. 
le gros de la troupe, Faisons demi-tour et 
arretons-nous aupres de nos pensionnaires. 

Le pensionnaire se divise en plusieurs. 
categories. 

II y a le pensionnaire buisson d'epines. It 
a ete la croix de tous ceux qui se sont occupes- 
de lui. Place dans divers etablissements, il n'a 
pu y rester. Place chez de braves gens, il s'y 
est rendu impossible. Tout-a-coup les Asiles 
de Laforce montent a Fhorizon de la pensee 



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LES ASILES JOHN BCST 45 

des bienfaiteurs aux abois. Voila la solution 
trouvee ! Les demarches sont faites, Tadmis- 
sion est prononcee non parfois sans de 
grandes hesitations inconnues a ceux qui se 
hatent de nous envoy er leur ours. Mais Lafor- 
ce est sur la terre et non pas au ciel. II ne 
suffit pas d'y venir pour y subir, ccmme par un 
coup de magie, une metamorphose radicale. 
Le changement de residence ct de milieu ne 
change pas le coeur. Nous voici dene en 
presence de ce pauvre etre instable, sans 
pouvoir satisfaire a ses exigences ; en butte a 
ses mechancetes soit parlees, soit ecrites ; 
inquiets des germes de desordre et d'insubor- 
dination qu'il seme tout autour de lui. 
II faut le renvoyer, dites-vous. Sans doute, 
mais nous ne nous resolvons a cette mesure 
qu'ala derniere extremite, quand nous avons 
epuise sans succes tous les moyens en notre 
pouvoir pour lui faire comprendre quel est 
son interet, a lui bien entendu. II est intraita- 



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46 LES ASILES JOHN BOST 

ble et les pauvres bienfaiteurs attristes, avec 
nous et comme nous, se rdsignent a le repren- 
dre. Que deviendra-t-il ? Ou ira-t-il ? Quelque- 
fois dans un asile d'alien^s. Ce que j'ecris 
n'est pas de la fantaisie, mais de l'histoire. 

II y a le pensionnaire grincheux. II en veut 
a tout le monde sauf a lui-meme. Seul il est 
aimable, mais cest une appreciation tout-a-fait 
personnelle a laquelle il tient d'autant plus 
qu'elle n'eveille aucun echo. II se croit victime, 
toujours, en tout et partout, meme quand on 
le comble d'egards et de prevenances. Le type 
de ce genre nous a ete enleve cette annee. 
C'etait une personne agee, admise a la Retraite 
en 1884. Solitaire, sans famille, dans le plus 
complet denuement, elle souffrait, elle vegetait 
dans une grande ville. Des qu'elle nous arriva 
elle fut sur le meme pied que ses compagnes, 
mais elle n'a jamais voulu le croire ni le recon- 
naitre. Je me souviens qu'un jour ou je me 
trouvais a la Retraite, au milieu de nos cheres 



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LES ASILES JOHM BOST 47 

Retrait6es, elle se leva tout-a-coup et m'apos- 
trophant: Monsieur ! que je suis malheureuse I 
p6cair6 ! que je suis malheureuse ! On ne me 
fait pas mon droit dans cette maison ; je ne 
puis ici ob£ir aux dernieres volontes de mon 
pere ! — Et pourquoi ? lui dis-je. — Oui, 
Monsieur, quand mon pere fut a son dernier, 
il me dit : Mon enfant ! ecoute : Chaque fois 
que tu auras mang£ trois bouchees, bois un 
bon coup de vin. Eh bien ! ici on ne me le 
permet pas ! Que je suis malheureuse ! Helas 
pauvre femme ! elle avait une infirmite morale 
dont nous n'avons pu la guerir. Quand au 
refectoire, elle 6tait servie et regardait son 
verre et son assiette tout se rapetissait, tout 
devenait microscopique, des qu'elle regardait 
les portions de ses voisines, tout grandissait 
et devenait enorme. Ce defaut a fait son 
malheur, et le notre aussi, jusqu'a la fin. 
Mieux vaut regarder a ce qu'on a pour rendre 
graces, que songer a ce dont on est ouse croit 



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48 LES ASILES JOHN BDST 

priv£ pour toujours g6mir et rficriminer. 
L'exemple a suivre ici est celui des premiers 
Chretiens dont le livre des Actes des Apotres 
nous dit : « lis rompaient le pain dans les 
maisons et prenaient leur nourriture avec joie 
et simplicity de coeur, louant Dieu et trouvant 
gia :e aupres de tout le peuple.* 

Passons sans nous attarder davantage a la 
categorie des bons pensionnaires,bons au sens 
relatif, bien entendu. II y a des hauts et des 
bas, mais vaille que vaille, nous avons avec 
eux des rapports faciles. II y a enfin les excel- 
lents. Ne citons personne car ceux que je 
nommerais seraient sans doute tres Stonnes, 
et il leur suffirait de se prendre au serieux 
comme tres-bons pour cesser par cela meme 
de Tetre ou pour perdre le charme 
attache a la pratique du bien fait simplement 
et sans autre souci que celui de plaire a Dieu. 
Songer a Dieu, c'est de suite avoir conscience 
de sa petitesse et se rappeler le mot de Jesus : 



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LES ASILES JOHN BOST 49 

« II n'y a qu'un seul bon. » 

Les pensionnaires qui rendent' douce notre 
t&che sont diss£min£s un peu partout, dans 
tous les Asiles. On les rencontre parmi les 
bien portants et surtout parmi les malades ou 
les infirmes. II y en a de jeunes et d'ag^s. II 
fait bon s'arreter aupres d'eux ; c'est un delas- 
sement pour le coeur ; leur patience est une 
predication et leur exemple contrebalance 
souvent de nefastes influences. 

Nous avons eu plus de decis cette annee 
que dans le precedent exercice : 24 au lieu de 
14. Parmi nos disparus je ne puis nrempecher 
de donner une pens£e a Dormoy mort a 49 ans 
et qui a vecu 32 ans a Tasile de Siloe. Comple- 
tement infirme, paralyse du tronc aux pieds, il 
se faisait placer des qu'on l'avait habille, sur 
sa petite voiture. II savait attirer et retenir 
pres de soi les petits, les intelligents plus ou 
moins infirmes, les idiots et les simples d'esprit. 
II avait un grand ascendant sur eux tous parce 



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50 LES ASILES JOHN BOSt 

qu'il les aimait. N'£tait-ce pas touchant de le 
voir toujours entoure par eux comme un roi 
de sa cour ? II avait sans cesse quelque histoire 
& leur raconter ; il les entrainait a la promena- 
de, il les dirigeait tantot ici, tantot 1&, les 
ramassant autour de lui, au bord de la route* 
comme une poule sa couv£e, d6s qu'une 
voiture apparaissait a rhorizon. Jamais il n'est 
arrive d'accident. Sa figure respirait la joie. 
Je Tai visite bien malade. Jamais de plainte. 
Que demandait-il? «Ah! monsieur, sijepouvais 
quitter mon lit et me retrouver sur ma petite 
voiture !.... C'est tout mon bonheur ! » II fut 
exauce dans cette circonstance. Uu ami visi- 
tant Silo6 lui demanda : Combien y a-t-il de 
temps que vous etes ici ? Plus de trente ans, 
r£pondit-il doucement, avec un bon sourire, 
mais en meme temps ses yeux se mouillaient 
de larmes. Oui, il a souffert beaucoup, physi- 
quement et moralement. Dou6 d'une vive 
intelligence, son pauvre corps infirme Pa 



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LES ASILES JOHN BOST 5 I 

rendu toujours dependant. Que n'aurait-il pas 
fait s'il eut eu la sante ? Mais en se croyant 
inutile, il a fait du bien a d'autres, et en parti- 
culier a ces petits qu'aime Jesus. II paraissait 
a vues humaines, devoir vivre encore plusieurs 
annees, mais Dieu Ta rappele subitement, au 
milieu de ses compagnons, dans le refectoire, 
a la fin du repas qu'il avait encore pris de bon % 
appetit. C'etait un enfant de Dieu. Que Dieu 
donne a tous nos pensionnaires une telle piete, 
une semblable douceur, alors tous les types, 
dont je n'ai esquisse que deux ou trois, seront 
ramenes a un seul : ce dernier qui est^ le 
premier. 



Reconstruction de Bethesda 

L'an dernier, a pareille epoque, nous vous 
disions que le nouveau Bethesda etait entiere- 
ment reconstruit sur le papier. Aujourd'hui 
il s'eleve en pierres de taille et en moellons 



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52 LES ASILES JOHN BOST 

sur le terrain. Le gros oeuvredelamatjonnerier 
est,quasi-acheve ; la charpente est posee sur 
Taile de Pouest ; k la fin de decembre, Dieu 
voulant, tout sera fini. Toutefois ce ne sera 
guere que dans un an, probablement a la pro- 
chaine fete des Asile, que nous inaugurerons 
cette maison, elevee dans les conditions le$ 
meilleures au point de vue de la solidita. Rien 
d'architectural, ni d'artistiqus dans cette 
batisse, mais M. Henriquet, notre architecte,. 
a pris toutes les mesures pour respecter les- 
lois de Thygiine. Le cube d'air sera suffisant 
dans les ateliers, dans les dortoirs, dans les. 
infirmeries. De larges et hautes fenetres se 
faisant face du Nord au Midi, et de FEst a 
TOuest, laisseront circuler libremen; partout, 
Fair, la lumiere et le soleil. Au dehors de 
vastes cours denudees mais qui s'egaieront 
avec le temps grace a des plantations d'arbres. 
En avaht de TAsile, le vaste et magnifique 
panorama de la riante vallee de la Dordogne- 



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LES ASILES JOHN BOST 53 

Voila le nouveau Bethesda! 

Les devis, vous le savez, s'elevent & 
200,000 frs. A ce jour nous avons re^u environ 
130,000 frs. Je suis heureux et fier de dire que 
ce sont nos Eglises de France qui ont donne 
lapresque totalite de cette somme. 

Nos Deuils 

Longue cette annee est la liste des amis que 
Dieu nous a repris. Le President du Conseil 
des Asiles, M. L. Domenget a tenu a rendre 
un hommage special a la memoire de ses deux 
collegues, MM. Augustin Bost de Geneve et 
Edmond de Pressense de Paris. Nous nous- 
sommes tous associes a ce qu'il a si excellem- 
ment dit. Nous envoyons encore aux families- 
si eprouvees Texpression de notre bien vive 
sympathie ; car leur deuil est notre deuil a. 
nous aussi. Nos coeurs debordent en songeant 
aces deux amis dont Tun, frere aine de John. 



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54 LES ASILES JOHN BOST 

Bost etait, pour le fondateur de nos Asiles, un 
conseiller pr£cieux et un aide aux heures 
difficiles. Augustin Bost aimait a venir a La- 
force et nous aimions a Py voir. II etait 
indulgent et bon d'une bonte souvent assai- 
sonnee d'esprit et de malice. 

Quant k M. de Pressens6, je le vois encore 
dans ce temple ou, Tan dernier, deja malade, 
il etait venu prendre sa place au milieu de 
nous. II nousasouvent rechauffes etreconfortes. 
Nous lui gardons un souvenir imperissable 
pour avoir su trouver le temps, au milieu de 
ses occupations multiples et ecrasantes, de 
venir nous visiter a Laforce, et a Paris, pour 
nous avoir donne son concours et sa parole 
eloquente pour ranimer ou exciter Tinteret 
en faveur des Asiles, dans nos conferences, 
soit a TOratoire, soit a la Chapelle de la rue 
Madame. Qui reprendra la place de ces deux 
serviteurs de Dieu, infatigables et fideles 
jusqu'a leur dernier soupir ? L'Eglise et nos 



jkr-i 



LES ASILES JOHN BOST 5Jy 

Asiles ont ete d£cimes ; les forts en Israel 
sont tombes ; mais nous nous en remettons* 
avec une foi plus robuste a PEternel « le R6- 
parateur des breches.» 

Mentionnons encore parmi nos pertes MM. 
Jules Boissier et Alphonse Favre de Geneve^. 
Miss S. Rawlings soeur de notre genereux ami 
M. Edouard Rawlings qui presidait, Tan der- 
nier notre fete ; 

M me Molyneux Williams de Tunbridge- 
Wells qui avait deux jours a sa charge ; 

M. Bevan de Londres qui, a Cannes, nous- 
donnait regulierement une somme ronde de 
2500 francs. 

M. Courrent de Toulouse ; 

M ms Andre Caldesaigues de Millau ; 

M me Veuve Constant Peugeot d'Audincourt; 

M . & M me Jauge dont la fille, Madame 
Bouffe, a remplacee sa mere comme presidents 
de notre societe Adolphe de Castres ; 

Mme V e Emile Koechlin d'Herimoncourt ; 



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56 LES ASILES JOHN BOST 

M me Strohl de Bale ; 

M me V e Luc V&ne de Montcuquet ; 

M. Arthur Mallet de Paris, dont la famille 
continue ses traditions de charity ; 

M. le D r Antoine Clament qui, depuis la 
fondation des Asiles, en 1848, jusqu'en 1883, 
donna ses soins medicaux aux malades, avec 
un zele et un desinteressement remarquables ; 

Enfin, M. le D r Gustave Monod de Paris 
qui venait regulierement, depuis quelques 
annees, passer Pet6 a Meynard dans la maison 
de M. & de M m3 John Bost ou leur fils Henry 
conserve les habitudes familiales de Phospita- 
lite. Ce vieillard de 86 ans, qui n'a pas connu 
la vieillesse, etait d'un commerce facile et 
aimable, toujours en train, cachant sous des 
apparences parfois bourrues les sentiments 
exquis de son coeur. N'est-ce pas M. le Pasteur 
Th. Monod qui nous Pa montre, au temps de 
sa plus grande pratique medicale si etendue, 
emportant avec lui, dans sa voiture, un sac 



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LES ASILES JOHN BOST 57 

renfermant une brosse et une Bible. : la purete 
du vetement, du dehors ; celle de Tame, du 
dedans. II eut de grands succes comme chirur- 
gien continues par son fils le Docteur Charles. 
Monod. Mais sa clientele opulente, lisons-nous. 
dans la « Semains Religieuse, » de Geneve, 
ne Tempecha jamais de repondre, avec autant 
d'empressement qua de desinteressement, a 
Tappel des pauvres et des petits. Les families- 
pastorales en particulier, le trouvaient toujour^ 
pret, meme apres qu'il eut pris sa retraite, a 
leur apporter les secours de sa science et de 
son art, et, quand venait l'heure du reglement 
des comptes, il se bornait d'habitude a dire a 
leur chef, avec un sourire plein de bonhomie : 
c Je suis le m£decin du corps, vous etes le 
m£decin de Tame. Les loups ne se mangent 
pas entre eux.» Quels adieux simples etemou- 
vants il nous fit au commencement d'octobre v 
quand il quitta Laforce pour retourner a Paris. 
Nous comprenions, lui surtout, cet excellent 



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58 LES ASILES JOHN BOST 

:ami, que l'heure du rappel etait proche. 
•Quelques jours plus tard en effet, le Seigneur 
vint le chercher. Je n'ai rien dit de sa charite 
pour ne pas offenser sa memoire. Nul plus 
-que lui n'a pris k la lettre ce precepte de Jesus: 
« Quand tu fais Taumone que ta main gauche 
ne sache pas ce que fait ta main droite, afin 
<jue ton aumone soit secrete. » 



RAPPORT MEDICAL 

Ann6cs 1890-1891 



L'etat sanitaire a ete en general assez satis- 
iaisant dans la plupart de nos Asiles pendant 
Tannee qui vient de s'ecouler. 

Dans mon dernier rapport je signalais les 
Tares cas d'influenza qui s'etaient produits 
<lans les Asiles et leur benignity, alors que 
tout le monde, dans le pays, dans la popula- 
tion qui entoure les Asiles, dans le personnel 



y Google 



LES ASILES JOHN BOST 59 

m§me, avait pay6 son tribut k la maladie. 
Cette ann£e-ci j'ai la meme remarque k faire 
au sujet de la rougeole. 

Cette affection qui n'est g£n£ralement pas 
bien grave, mais qui entraine souvent apr&s 
elle des complications sSrieuses, a s6vi vers la 
fin de Phiver et pendant tout le printemps 
dans le pays. II n'ejt guere d'enfants qui ne 
l'aient pas eue et beaucoup de grandes person- 
nes, surtout dans les agglomerations conside- 
rables d'individus, comme les casernes et les 
lycees, en ont £te frappSes. 

Au moment ou Pepid£mie s£vissait en plein 
a Laforce ou aux environs, nous n'avons pas eu 
un seul cas de rougeole dans les Asiles. Lors- 
qu'il ne s'est plus produit que quelques cas 
isolSs autour de nous, une seule pensionnaire 
de la Misericorde, un enfant de Bethel et deux 
de Silo6 ont 6t£ frappSs. Ces deux derniers 
entrent en ce moment meme en convalescence. 

Chez nos quatre malades la rougeole a 6t6 



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<>0 LES ASILES JOHN BCST 

Ires forte, mais a tres heureusement £volue 
sans presenter de complications. Nous avons 
pratique l'isolement absolu de nos maladeset 
n*avons pas eu d'autres cas. 
. Au milieu de Thiver exceptionnellement 
froid que nous avons subi, nous avons re?u 
xine pauvre petite idiote du Midi. Chez cette 
-enfant de I4ans la circulation sefait tres mal 
-du cote des extremites ; aussi s'est-il produit 
pendant le voyage un phenomene des plus 
graves : Pextremite des pieds de cette enfant, 
les orteils, se sont geles : elle les a presque 
tous perdus ; la cicatrisation a ete tres longue 
mais elle s'est heureusement terminee; Tenfant 
ne peut pas encore marcher, mais fespere 
<ju'elle pourra le faire d'une fa9on assez 
^satisfaisante. 

Malgre la rigueur tres grande de Thiver, 
malgre le froid et la neige auxquels nous ne 
sommes pas habitues, k Laforce, nous n'avons 
pas eu a constater un grand nombre de mala- 



y Google 



LES ASILES JOHN BOST 6 1 

-dies aiglies ; a peine s'il y a eu dans les divers 
Asiles quelques rhumes et quelques maux de 
gorge. C'est plutot au printemps, au mois 
-d'avril, que nous avons eu a Silo6 6 cas de 
Broncho-Pneumonie chez d'anciens pension- 
naires ayant plus ou moins touss£ pendant 
l'hiver, mais affaiblis par Page ou par leurs 
infirmites ; ces Pneumonies se sont produites 
toutes en meme temps ( notre infirmerie de 
Siloe qui est presque toujours vide etait 
completement encombree ) ; elles ont toutes 
pris des le debut un caractere infectieux et se 
-sont tres rapidement terminees toutes par la 
mort. Aussi Siloe qui n'avait pas eu de deces 
Tann^e derniere en aeu 8 cette annee-ci dont 
■cinq en six jours ! Le decouragement commen- 
^ait a s'emparer de nos chers directeurs de 
Siloe, lorsque la maladie a cesse. 

Le nombre des deces a ete cette ann6e-ci 
•dans les Asiles de 24 ; c'est 10 de plus que 
J'annee derniere. 



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62 LES ASILES JOHN BOST 

9 pensionnaires d6c6des avaient depassd 
1'age de 70 ans. 

Le Repos a perdu 3 pensionnaires, 

La Retraite 3, 

Bethesda 1, 

Eben-Hezer 2, 

La Misericorde 1, 

Siloe 8, 

La Compassion 6. 
Nous n'avons pas eu de deces k la Famille 
ni k BSthel. 

Parmi les pensionnaires de Silo6 qui 
nous ont quittSs je signalerai un pauvre 
petit enfant de 3 ans Ij2 abandonn6 a Paris 
par sa mere et qui, malingre et ch£tif, ne 
paraissait avoir qu'une douzaine de mois ; il 
ne manifestait avoir aucune intelligence, ne 
s'int£ressait pasle moins du monde aux choses 
ext£rieures qui l'entouraient ; ses yeux 
erraient continuellement dans le vague ; ses 
faibles jambes ne pouvaient pas le porter ; il 



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LES ASILES JOHN BOST 63 

ne supportait que tres difficilement une nour- 
riture spSciale. Admis, par grande exception, 
k SiloS, nous avons du le confier a une femme 
du voisinage: il n'a vecu que trois mois. 

Je signalerai aussi le depart du bon, de 
Fexcellent Dormoy, le second pensionnaire 
de Silo6, entrS le 24 juillet 1858, a Page de 
14 ans, qui est mort subitement, enmangeant, 
apres avoir fait dans TAsile un sejour de 
32 ans. 

A Silo6 est mort encore un pauvre gar§on 
bien connu des visiteurs des Asiles. Sa tete et 
sa face, applaties fortement d'avant en arriere, 
6taient d'une longueur demesuree ; tous les 
doigts de ses mains et de ses pieds 6taient 
soud^s ensemble ; ses mains en particulier 
formaient deux massues legerement pointues 
k leur extr6mit6 libre ; malgre cela il avait 
appris a lire, 6crivait assez bien et se livrait a 
une foule de jeux et de petites occupations 
dont on Taurait cru tout d'abord absolument 



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64 LES ASILES JOHN BOST 

incapable. 

Aux visiteurs des Asiles qui n'ont point 
craint d'entrer dans les prSaux de la Compas- 
sion je signalerai la mort, je veux dire la 
delivrance, de deux pauvres enfants idiots,, 
completement paralyses de tous les membres,. 
incapables de faire seuls le moindre mouve- 
ment et que Ton voyait toujours Pun dans soa 
lit de souffrances, Pautre sur sa petite voiture. 
Quoique age de 14 ans Tun d'eux, le premier, 
en paraissait avoir a peine six ou septjil 
avait pass6 cinq longues ann6es a la Compas- 
sion, completement abandonn£ par sa mere ! 

La phtisie pulmonaire a emportS 3 de nps 
pensionnaires de la Compassion ; Tapoplexie 
cerebrale 4 de nos vieillards ; les autres deces 
ont ete causes par Taifaiblissement progressif, 
soit chez de jeunes enfants, soit chez des pen* 
sionnaires deja tres avanc£s en age. 

A cote des d£c£s de nos pensionnaires je si- 
gnalerai celuid'un de nos employes, surveillant 



y Google 



LES ASILES JOHN BOST 65 

a Patelier de poches de Siloe, emport£, lui 
aussi en trois jours par une Pneumonic perni- 
cieuse en meme temps que les autre.* malades, 
moins d'un an apres sa femme, employee elle 
aussi a Siloe, k la lingerie, enlevee en qucl- 
ques heurespar une attaque d'apoplexie. 

Nou3 avons dil faire admettre dans divers 
Asiles d'ali£n£s 3 pensionnaires que nous ne 
pouvions absolument plus garder. 

En terminant je dirai quelques mots de nos 
ateliers de Siloe et de Bethel pour la fabrica- 
tion de sacs en papier. Ces ateliers fonction- 
nent toujours tres r£gulierement et occupent 
un certain nombre de pensionnaires qui 
resteraient sans eux dans l'inaction la plus 
absolue. Le travail ne manque pas et e'est a 
grand peine que nous pouvons suffire aux 
demandes de nos clients. 

Tou3 les jours nous constatons les heureux 
resultats produits par la creation de ces deux 
ateliers et nous regrettons de ne pouvoir en 



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66 



LES ASILES JOHN BOST 



cr£er d'autres encore plus 616mentaires poiir 
nos idiots qui ne peuvent s'oCcuper au manie- 
ment du papier. 

D r E. ROLLAND. 




„Cc 



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TABLEi 

SURVENUS DANS LES ASILES 



Decks : 24. Lc Tableau suivant renferme 



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2 

3 

A 



« 
9 

it 
\-i 

13 

14 

15 
10 

17 

18 
19 
20 
21 

22 
23 
24 



NOMS 



licur Felix . 

V Al : 

Ke Emilie 

V Th 

S' h . . . . Louis . . 

V- Rcr 

V- Will 

Dor . . . , 

I/»s 

hi) 

Par 

V 01cm 

Yal 

Duv 

Sal .... Helcise . 
Sch 

V Fu 

l>ar 

V- Mor , 

liar 

Dcj. .... David . . . 
Chi/. . . . .Kmile . . . 
Med .... Louis- • • • 
licit 



AGES 



ASILES 



3 1/2 


Si'ce 


83 


LC R.-UOS 


75 


id. 


80 


La Misericordc 


34 


Silce 


80 


Ebon-Hezer 


80 


La Rclraile 


48 


Si:oc 


14 


La Compassion 


20 


id. 


12 


id. 


70 


Lc Repos 


20 


La Ccmrassicn 


30 


Siloo 


75 


la Rclraile 


27 


Eben-Hc/.cr 


78 


La Rclraile 


27 


La Compassion 


00 


Belli tv da 


SI 


Siloe 


-4') 


id- 


33 


id. 


23 . 


id. 


21 


La Ccmpassicn 



DATE 

DK i/ EXT REE 

21 mars 1890 
1 mai 1880 
19novem. 1890 j 
25 Jtiillel 1889 
25 rnai 1886 

3 mai 1888 

2* mai 187.) J 
24 juillel 1858 
9 no\om. 1885 
5 Hocvmh. 1889 ? 
8 aoi'it 1887 

4 juilict 18.x; 
15 juin 18K; 

| 9 jui.let ISKj 
I 10 0( lobre 1881 \ 
I 10 sop lc nib 1879 ! 
20 jum 1888 
2 juin I8(>'] 
14 juin I88fl 
juin 1803 
2deecmbro 1ST! 
17 ami I ls7s 
27 aout 1876 
31 mars 1880 



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J 



MAI 1890 AU 30 AVRIL 1891. 



rid pales indications relatives aux deeds. 



UATK 

DU DECKS 



8 jui 
57 id 
4r juili^t 
tO id 

\C> id 
6 a out 
U no vein. 

2 id 

3 deconib- id 

4 id id 
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I janvier JHtti 



1890 
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ri 

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fevrvcr 
mars 

id 

i t 
a\ ril 

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id 
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id 
id 
id 
id 
id 
id 



de 

iV|otir 



MALADIES 



3 mois 
1) aus 
7 mois 

1 an 
U ans 

2 ans 
11 a Ii2 
32 ans 

5 ans 

1 an 
3a 1}3 
(la i\'2 
7alj2 
1) a I pi 
f> ans 

11 atj2 
2al|2 

-21a lj-2 

2 al[2 
2S ans 
Ha 1|2 

12 a 1[2, 
lia1|2i 
11 ans 



Idiotic, Faibles- genera lc 



Fa'blosse genera'e 
Myeiite chroiiiquc 
Epilepsie 

Paralysic avec contract. 

de tons les membrcs 
Epilepsie, Idiotie 
Paralaweont-dtlmcmb. 

Idiotie 
Inibeeiliile 

En lepsie, Idiotic 

Seniiite 

Idiotic Epileptique 

Fa ib' esse generate 

Imoecdlile 

id. 
Chore? 

Din'orm.d-mainso.d.pieds 
Epilepsie, Uiotie 



CAUSES DU DECfcS 



Allaibles* progressif. 
Broncho-Pneumonic 
Apoplexie celebrate 
AITaibliss* prcgrcssif. 
id 

AfTaibliss* progressif 
Apop!exk> fowl ro van'* 
A(raib.iss k progre'ssd". 

id 

id 
Apoplexie eelebrale 
Phtisie pulmonale 
AlTaib!i>s t p regress if. 
Rronrho-Pneumonic 
Flat de Wat 
Allaibiiss 1 progressif. 
Phtisie piilmouairft 
Apoplexie eerehralo 
B rone. -Pneum. infect. 

id 

id 

id 
Phtisie pulmonairc 



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rprraojRar 








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Dons tout-a-fait anonymes 
dont nous ignorons la provenance 



»&* 



Anonyme du Poitou 20 frs> 

La Mastre : Une amie des asiles John 

Bost pour Bethesda 3 

Lyon : La pite de la veuve 5 

, id : Aux plus malheureux .... 5 




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RELEVfi DES RECETTES 
du l er Mai 1890 



HKCKTTtiS 



AHIf an 3Javril 18C0 

I Vnsions 

Don-* 

.lours paves p ir nos bienf.uteurs 

C'ollecles el \ enlcs 

Societe du Sou lYolestant 

Rentes el Hevcnus clivers 

Total des Roceltcs. 



5,6(58 


7i 


09,314 


55 


86,000 


£0 


41, liS 


80 


48,317 


90 


357 


v> 


28,472 


77 


232,303 


00 



Le TrJsorL'r Comphble, 
A. Lafarelle 



Comply Sp33iil di muzevi B5ih)sli 



38,515 75 

62,-2 48 40 
100,704 15 



Sol :e en ealsse an 3 J avril 1890 

SoiiscDj) i >i:s onr»nissoes du l cr mai 1890 

au 3<J avril ld'Jl 

Total 

A pros verification, nous avons irouve la situalion 
COaiurmo mix livros. 

Lcs membres du Consiil (T Administration, 

II. CoUVE. 

G. Uoy. 

J. (xUUX. 



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ET DES DfiPENSES 

au 30 Avril 1891 



DEPENSES 



Nourriture 

Vetcments 

Lingerie et Mercerie 

Blanchissage 

Eclairage et combustible 

Meubles et uslcnsilcs 

Service de sanle et tra tement du Docteur. 

Bureau et correspondance 

Rapports et Imprimes 

Hibliotluque, abonn. classes 

Voyages 

Chevaux et voitures 

Impols et assurances 

Reparations immeubles 

Remundration du personnel 

Frais de reception 

Ateliers. 

Depensos diversos 

Total des depenses 

Exccdcnt au 30 avril 1891 



112,213 

17,683 
4,022 
5,502 
8,521 
4,131 
6,118 
1,071 
1,813 
818 
3,230 
2,671 
3,<}72 
12,932 
35.413 
2,000 
1,0-0 
3,487 



50 
55 
05 
45 
80 
95 
15 
45 
45 
60 
20 
50 
60 
05 
25 

» 

76 
64 



226,690 95 
5,611 71 



Somme egale aux Reeetles ' 232,305 66 

Compte Special du noumu Bithesda 
Paye mix entrepreneurs et a Farchitecte 

au 30 avril 1891 53,723 » 

Reliquat disponible 47,04 1 15 

Somme 6gale 103,761 15 



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74 LE S ASILES JOHN BOST 

SITUATION FINANCIERS 

Nous avons termine l'exercice courant avec 
une encaisse de 6.327 fr. 86. C'est beaucoupde 
n'avoir pas de deficit, mais nos avarices sont 
minimes par rapport a nos depenses journalie- 
res. 

L'an dernier un pensionnaire coutait d'entre- 
tien par jour 1 fr. 19 Cette annee, il y a une 
augmentation depres de 3 centimes. Elle porte 
toute entiere sur le chapitre nourriture et elle 
sejustifie parleprix eleveduble etdelaviande 
qui, par adjudication, nous revient cette annee 
& 0,16 c. de plus par kilogramme. II est vra 
que, grace aTabattage sur pied dans ^abattoir 
des Asiles que nous avons approprie&cet usa 
ge, la viande est superieure comme quality. 

Dans Pexamen de nos recettes, si no ren- 
tes ont augments de 3.502 fr grace au legs 



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LES ASILES JOHN BOST 75 

de notre bienfaitrice, Madame Heidsieck, 
nous remarquons avec peine que les collec- 
tes flechissent legerement et surtout que les 
dons des jours diminuent. Nous avons, il 
est vrai perdu quelques bienfaiteurs qui 
avaient un ou meme deux jours a leur char- 
ge ; mais il en est aussi qui ont cesse de 
donner ou ont diminue cette contribution 
si touchante. Nous signalons ce fait, sans 
y appuyer, demandant seulement de tout 
notre coeur au Seigneur, que de nouveaux 
amis se presentent pour combler les vides 
et faire remonter le niveau de cette source 
de charite. 

Nous avons a appeler Fattention des per- 
sonnes qui nous envoient des pensionnaires 
sur le paiement des pensions. Nous avons 
actuellement 185 pensionnaires a titre en- 
tierement gratuit et nous sommes quelque peu 
inquiets au sujet de ces demandes de gratuite 
quivont se multipliant de plus en plus. II est 



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76 LES ASILES JOHN BOST 

evident que ceux qui ont promis de ne rien 
payer sont fideles a leur promesse Mais 
combien d'autres qui apres avoir promis- 
se fatiguent, demandent des diminutions 
sur le peu qu'ils doivent payer. On en prend 
a son aise, a cause de la situation financie- 
re satisfaisante desAsiles. « Vous etes riches, 
nous disait quelqu'un en souriant, aussi je 
ne vous donne rien et conseille aux autres 
de ne vous rien donner. » Ce qui etait dit 
en badinant Stait malheureusement redit et 
et repete avec serieux. Et le clich6 court; 
une chiquenaude a suffi pour lui donner 
Timpulsion et il fait maintenant son chemin. 
Est-il vrai que nous soyons riches ? Est-ce 
qu'on est riche quand, sur 510 pensionnai- 
res, plus d'un tiers ne paient rien ; quand 
la moyenne paie 138 frs par an alors que 
la depense personnelle s'eleve k 440 francs? 
Est-on riche avec des ressources qui ne d6- 
passent gufere la moiti6 des dSpenses et 

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LES ASILES JOHN BOST 77 

qu'il faut courir par monts et par vaux 
pendant des mois et des mois pour collec- 
ter ce qui est nScessaire afin de ne pas 
tomber dans le deficit?— Si nous sommes ri- 
ches c'est de besoins, de mis£res et, au 
dessus de tout, de foi, de la foi de John 
Bost. 

Quant k nos d£penses, nous sommes ja- 
loux de les r£duire au strict necessaire et 
la preuve en est dans la somme de I fr. 22 
centimes par jour et par pensionnaire ou se 
trouvent compris, en sus de la nourriture et 
<ie Tentretien du pensionnaire, le salaire de 
tout le personnel, le service medical, les 
impots, la reparation des immeubles, en un 
mot, toutes les d£penses ordinaires. 

Quant k nos recettes nous vous Tavons dit, 
-elles ne dSpassent les dSpenses que d'un 
chiffre bien modeste Pour peu que les dons 
s'arretent, ce sera le deficit. 

Oh ! alors ! k ce moment Ik il y aura une 

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78 LES ASILES JOHN BOST 

recrudescence de charite. — Nous le pen- 
sons. — Mais n'est-il pas plus naturel de 
maintenir la situation actuelle que de la 
compromettre par quelque motif que ce 
soit? II importe done de ne pas laisser 
tarir la source de nos revenus assures et 
nous adressons un vif et pressant appel a 
tous nos amis. Qu'ils ne se relachent pas 
et perseverent dans Pexercice de la charite. 

Les malades et les infirmes qu'on nous 
envoie restent, en venant chez nous, mem- 
bres de leur eglise et clients de leurs pro- 
tecteurs. Les Eglises, les families, les pro- 
tecteurs riches s'en souviendront a Tavenir 
et ne se desinteresseront pas du sort de 
ces infortunes. 

Nous avons a remercier M. le Pasteur 
John Bost pour la tournSe qu'il a faite en 
Angleterre et en Ecosse. 

II a re<ju un accueil encourageant et le 
^rSsultat de sa collecte qui s'Sleve & pres de 



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LES ASILES JOHN BOST 79 

14.000 frs nous fait esperer qu'il continuera 
a etre, aupres de nos freres Anglais et 
Ecossais, Favocat fidele et heureux de 
notre CEuvre. 

Nous avons eu, pour notre part, de douces 
joies dans nos tournees de collectes en 
Suisse, dans le pays de Montbeliard, dans 
l'Est et a Paris. 

A cote des dons pour les depenses cou- 
rantes nous avons re<ju largement pour 
Bethesdapar sommes de 20.000 francs, 5.000 
francs, 1.400 francs, 1. 000 francs, et au 
dessous, k preuve cette lettre d'une mere de 
famille. « Comme Tan passe nos enfants font 

une loterie pour le cher B6thesda Rien 

n'est trop ni trop difficile pour Laforce. Nos 
enfants prennent the et cafe sans sucre. 
Les morceaux de sucre sont mis dans une 
boite : quand elle est pleine on me la vend. 
C'est pour chacun un sacrifice de tous les 
jours pour BSthesda. J'estime que tous ces 



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1 



$0 LES ASILES JOHN BOST 

petits sacrifices font encore plus de bien k 
-ceux qui se les imposent qu'a ceux qui en 
profitent. » Oui cela est vrai. L'homme qui 
a. essuyS des yeux mouilles de larmes, celui 
qui a humect£ des levres dessechees par la 
fievre, celui qui a mis une etoile dans le 
<ciel d'une vie sombre, celui qui a fait sur- 
gir la gaiety, le chant des oiseaux et le 
parfum des fleurs fraichement epanouies, 
•dans une chambrette d£sol£e, celui qui a 
•donn£ quoi que ce soit en y mettant quelque 
chose de son coeur et pour l'amour du Sei- 
gneur Jesus, celui-l&, qu'il soit riche ou pauvre, 
connu ou inconnu, fait partie de ces 61us 
dont il est dit que « leurs ceuvres les 
suivent. » 



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LES ASILES JOHN BOST 8 I 



CONCLUSION 



Est-il necessaire de conclure ? Chers bien- 
faiteurs, levez vos yeux, regardcz tout cc 
peuple de desherites qui s'attend h vous. 
Pouvez-vous supputer et puis-je moi-meme 
vous dire tout ce qu'il y a de souffrances 
ici? 

Nous avons besoin de vous pour les al- 
leger quelque peu, dans une bien faible 
mesure. Nous ne pourvoyons en effet qu'aux 
besoins exterieurs et pressants et le rests 
qui est le plus lourd, le plus delicat, c'est 
Dieu qui s'en charge. Lui seul, en effet, 
peut donner le calme, la patience, la re- 
signation, le courage necessaire, et la force 
pour que chacun de nos pensionnaires puisse 



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82 LES ASILES JOHN BOST 

porter sa croix. Lui seul peut faire cela et 
il le fait doucement, peu h peu, par des moyens 
qui 6chappent a notre vue et qui amenent 
captifs k ses pieds ceux parfois qui se sont 
revokes et n'ont pas d'abord voulu dire : 
« Ta volonte soit faite ! » Dieu fait son ceu- 
vre. Nous, faisons la notre ; avec Lui et 
dans son esprit d'amour et de devouement. 
Ne nous contentons pas de travailler nous- 
memes, mais faisons de la propagande, la 
propagande de la Charite. Brules par la 
flamme du Saint-Esprit, nous fondrons les 
blocs de glace, nous galvaniserons les indif- 
ferents, nous entrainerons les indecis. 

Quant a nous des Asiles, que ferons-nous ? 

II y a quelques jours, une petite-fille de 
John Bost qui est ici dans cet auditoire, 
rendit visite a des amis. On la choya, on 
lui servit un gouter vari6 auquel elle fit 
honneur. Au depart elle s'ecria en guise 
d'adieu : « Ici on donne de bonnes choses ; 



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LES ASILES JOHN BOST 



83 



je reviendrai ! » Chers bienfaiteurs qui ne 
nous avez jamais donne que de bonnes 
choses, comptez sur nous ! Nous revien* 
drons. 

Votre bien affectionne. 
E. RAYROUX 



(Lu et approuvc on Conscil d'Administration dans sa 
stance du 9 Juin 1891) 



^^.^1 



^rnm!m§^ 



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JLES DONS ET SOISCRIPTIONS SEROXT REfFS 

FRANCE 

A Laforce(T)ordcgviQ), par M. le pasteur E.Rayrocx, 

dirocteur g-e'neral des Asiles. 
A Paris, par MM. Mat.lkt frerks ot G ,e , banquiers, 
37, rue d'Anjou-Saint-Honortf. 

PAR LES « S0CIETE3 ADOLPHE » GI-APRES : 

A Alais, par M ,le Arbousset, rue Fabrerie. 
ABordeaux, ohezM lla MarieHovy, 63, ruede la Course. 
A Ganges, chez M ,le Hklene Lafoxt. 
A La Eochelle, chez M. le pasteur Good. 
A Lyon, chez M mo Oberkampf-Fitler, 20, avenue de 

Noailles. 
A Montauban, chez M. le professeur Jean Monod. 
A Marseille, chez M me Mouune, IS, rue Grignan, et 

M ,,e G. Jauge, 43 boulevard Notre - Dame. 
A Mazawct, chez M mes RouviERE-HouLES, J. Bonneviuf. 
A Montpellier, chez M' ne Paul Gastelnau, 34, rue 

Saint-Guilhem. 
A Nimcs, chez M. le pasteur Babut, rue Cle'risseau,20. 
A Puu, chez M lle L. Gadier, M rae G.. Malax et M ,le J. 

Meillon. 
A Salies-de-Bearn, chez M Ues Bost. 
A Orthez, chez M. le Pasteur Roth. 



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LES ASILES JOHN BOST 8> 

PAR LES BIENFAITEURS DONT LES NOMS SLIVENT '. 

A Annonay, chez M lle Jenny Giscard (SocitfW, dfr 

Bieufaisancc). 
A Cannes, chez MM. les Pastcurs. 
A Castres, chez M. Boukfk. 

Au Ildvre, chez M. Julien Monod, cote d'Ingouville. 
A Menton, chez M. le pasteur Delapierrk. 
A Mi/lau, chez M mM de Cakbon-Ferrikre. ct Merle. 
A Nice, chez M. le pasteur Malax, 50, rue GiofTredo. 
A Ilochefort, chez M. le pasleur Larochb (Coinittf d& 

Bienfaisance.) 
A Saint- Jean-du- Gar d, chez MM. lcspaslcursMEiNA. 

dier ct Saltet. 
A Saint-Ifippolyte-du-Fort, chez M. le p r Bertrani>. 
A Saint- Affrique, chez M 110 Eugenie Verniers. 
A Angouleme, chez M. le pasteur Moxbrun. 
A Grenoble, chez M. le pasteur Bard, et M me Lewis, 

ALSACE 

A Mulhouse, chez M me E. Schlumberger, pre'sidente* 
de la Socie'te Adolphe, 2, rue Lamariine, et 
chez M. lo pasteur Mathieu. 

A Strasbourg, chez M l,e M. Rausch, 4, rue de la 
Cigogne. 



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86 LES ASILES JOHN BOST 

SUISSX 

4L Geneve, chez M. lc professeur Bouvier-Monod, 

president tic la Societd Adolphe, 

M" e K. de Bude vic*-pn?sidentc\ 

M ,u Garolinr Gaussen, 8, rue Eynard. 

et M lla Bu.NGK.\RH, cheinin Sautter, 18. 
A Lausanne, chezM.BiunEL, M" 6 E. do Molin, Bellcs- 

Roches et M 11 *' Louise MEYSTRR,G,ruedesTerreaux. 

A Neuchatel, chez M. E. dr Pury dr Marval, et M** 

Clerc-Droz, Faubourg du Gret, 3. 
Au Lode, chez M m6 Saxdoz-Nardin et !!"• Faure. 

GRANDE-BRETAGNE 

A Tunbridge- Wells, chez Miss Davidson, de Jordan 

House. 
A Dlackhealh, chez Miss Fexn. 
A Edimbourg, chez Miss Mackenzie, 16, Moray pi act. 
A Glasgow, chez Timothee Bost, Esq 1 *, 34, Lynedoch 

Street. 
A Liverpool, chez W. Grosfield Esq", Annesly 

Aigburtb. 
A Londres, chez MM. Barclay-Ransom et C i- , 1, Pall 

Mall East, et chez MM. James Nisbet et G ic , 21 

Berners Street. 

BEtGIQUE 

A Bruxelles, chez M. IsEBAERT,ancien ofTicier d'Etat* 
Major, 50, rue du Moat-Blanc, S' Gilles. 



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LES ASILES JOHN BOST 



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MM. les Libraires protestants et MM. les R&jacteurs 
de journaux relijieux, en France et a FEtrangei*, conti- 
ntieront, comme par le passe, a reoevoir les dons qu'on 
voudra bien nous faire pirvenir par lear intermSliaire. 




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TABLE DES MATIERES 



Compte-rendu de la f&te par J. L. . 
Discours de M. le Professeur Pedezert* 
Discours de M. L. Domenget president 

du Conseil , 

Rapport du Directeur General ...... 

Rapport Medical 

Suite et fin du Rapport du Directeur : 
General 



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